expo "Paracas – trésors inédits du Pérou ancien"

Bonjour,

En ce moment, au Musée Branly, il y a une expo qui peut vous intéresser. Il s'agit de tissus péruviens anciens.

Voici le lien :
http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/expositions/index.html

1er avril – 14 juillet 2008

L’exposition rassemble la plus importante série de textiles « Paracas » jamais exposée hors du Pérou : pour la première fois en France, elle présente une partie des textiles exhumés dans la nécropole de Wari Kayan et fait découvrir au visiteur des pièces de ce trésor unique au monde. De décembre 2004 à novembre 2006, celles-ci ont été restaurées dans le cadre d’une coopération internationale scientifique avec le Pérou à laquelle a contribué le musée du quai Branly.

Le musée est donc particulièrement fier de présenter des textiles que le Pérou, en raison de leur grande valeur esthétique et scientifique et de leur extrême fragilité, ne prête que très exceptionnellement pour des expositions à l’étranger.

Et de Clio, j'ai reçu ceci, avec le commentaire d'une archéologue (avec mes commentaires en italique quand nécessaire) :

Parmi les diverses cultures préincaïques, celle identifiée dans la presqu’île de Paracas entre 1925 et 1929 est à coup sûr l’une des plus originales. Elle nous a laissé, grâce à des conditions de conservation exceptionnelles liées à la sècheresse du climat, des linceuls brodés, datant d’une période allant du VIIème siècle avant J-C au IIème siècle après, et dont les motifs nous livrent les mythes et les symboles d’une société qui ignorait l’écriture. (ou que nous n'avons pas encore identifiée).

Plus de quatre cents « paquets funéraires », désignés sous le nom de fardos et comprenant les momies et les tapisseries (tissus) qui les enveloppaient furent ainsi exhumés au cours des années vingt. C’est pour rendre hommage au travail de restauration accompli au cours des dernières années par une mission française que vingt six de ces pièces - qui ne sortent ordinairement jamais du Pérou en raison de leur grande fragilité - ont été prêtées au Musée du Quai Branly qui peut ainsi les présenter au public parisien.

Réalisé de décembre 2004 à novembre 2006, le travail de restauration, effectué en collaboration avec les équipes du Musée National d’Anthropologie, d’Archéologie et d’Histoire de Lima, s’est fondé sur la redécouverte et la maîtrise de trente-deux techniques de tissage différentes.

Commissaire de l’exposition, Danielle Lavallée explique « les multiples combinaisons de personnages chamaniques que l’on peut identifier, la symbolique du nouage, les rythmes chromatiques dans les cent quatre vingt dix teintes dénombrées, les variations dans la symétrie des motifs, tout cela prouve à quel point ces textiles ne sont pas de simples parures ornementales mais bel et bien des instruments de métamorphose pour l’au-delà... ».

Dieu-serpent ou dieu-oiseau, jaguar ou puma, hommes-oiseaux, décors anthropomorphes témoignent d’une grande variété d’inspiration et de la richesse d’une mythologie dont le contenu nous demeure inintelligible. Le rituel funéraire consistait à emmailloter soigneusement les corps nus des défunts assis en position fœtale dans une corbeille (le plus souvent des adultes de sexe masculin au crâne artificiellement allongé). Selon leur statut ils étaient enveloppés de diverses couches de toile de plusieurs mètres de long entre lesquelles étaient disposés des tissus, pièces d’habillement cérémoniel, tuniques, ponchos, mantos brodés (capes formées d’un grand rectangle de laine tissé et brodé). Des bijoux, des armes ou de la céramique accompagnaient également les disparus et un bandeau de tête parfois terminé en forme de doigts entourait le crâne de la momie.

La prodigieuse découverte réalisée par l’archéologue Julio C. Tello (429 fardos dont certains comptaient jusqu’à plus de trente mantos) a permis de reconstituer en partie ce qu’étaient la vie quotidienne, la mort et les croyances des sociétés installées sur le littoral aride du Pacifique, près de l’actuelle Pisco, à plus de deux cents kilomètres au sud de Lima, il y a plus de deux mille ans.

Les plus anciennes sépultures de Paracas (Paracas Cavernas de -700 à -100 avant J-C) témoignent d’un développement précoce de la culture du coton.
La période dite Paracas Necropolis (-100 avant J-C, 200 après) est contemporaine, pour sa phase dite de l’Horizon ancien, de l’apogée de la grande civilisation andine de Chavin de Huantar. Les tisserands de Paracas reproduisent alors une iconographie - notamment les images du dieu-jaguar, qui s’est répandue en même temps que s’imposait l’hégémonie religieuse et culturelle du grand foyer andin.
Les progrès dans les techniques de la broderie font ensuite qu’une grande diversité s’installe dans le décor, désormais animé d’un mouvement tout à fait nouveau, et les artistes s’inspirent désormais de modèles fournis par la peinture des vases.
La multiplication, dans la phase finale, des têtes décapitées résiste encore à l’interprétation car on ignore s’il s’agit là des symboles nouveaux d’un pouvoir guerrier ou sanguinaire ou de la représentation d’offrandes permettant d’obtenir la bienveillance des divinités.

L’ampleur du travail réalisé laisse perplexe quand on considère le temps nécessaire à la réalisation des mantos. Il traduit en tout cas l’importance accordée à l’au-delà par cette civilisation étrange surgie de la nuit des temps mais ramenée à la lumière depuis moins d’un siècle par les archéologues, une résurrection malheureusement très incomplète quand l’on considère les dégâts effectués en ces régions du Pérou par les huanqueros pilleurs de tombes.